“Le destin, c’est ce que nous construisons nous-même.” - Nuage Astral

— Petit Astre ! Petit Astre ! Répond moi, je t'en supplie ! Hurlais une voix que je connaissais depuis ma naissance.

Baignée dans la lumière de la lune, ma mère est si belle. Je suis sûr que si elle avait était un bipède, des gouttes d'eau auraient coulé sur son beau pelage, et se seraient écrasées au sol. Un jour, j'ai quitté le camp, et j'ai cru que j'allais mourir étouffée quand une version miniature des bipèdes m'a étreint entre ses pattes dénudées de tout poil. J'ai alors instinctivement sorti de minuscules griffes de me petites pattes, et je les ai enfoncées dans la peau du bipède, jusqu'à que des gouttes écarlates se créent. Il s'est mis à verser de l'eau, avec ses yeux ; il avait mal.

Ma mère a mal. Elle a mal pour moi.

Mon frêle corps est étalé par terre comme une vulgaire chose, mon poil en bataille est parsemé de sang. Suis-je mort ? Sûrement. Sinon je ne verrais pas la scène d'en haut. Je me sens léger, attiré par la toison argentée. J'aurais tant voulu lui dire adieu ! Elle qui pensait que la mort de mon frère était la pire chose qui lui était arrivé, la voilà bien triste. Pauvre guerrière, elle perdait tour à tour ses proches. Je...

Je n'ai pas le droit de l'abandonner ! Je ne peux pas la laisser seule ! Elle qui était si heureuse de m'avoir retrouvé, arraché aux griffes de ces matous sans scrupule ! Ils auraient pu me tuer, au lieu de ça, il m'ont gardée en vie. Alors je ne peux pas quitter mon clan maintenant, tout ça à cause de ce stupide renard ! Le même qui, cruellement, a rendu borgne ma mère ; mais plus encore, qui lui a retiré son deuxième fils.

Des chaînes constellées d'étoiles me font monter au ciel. Je ne peux pas redescendre. Aide-moi, maman ! Comme si elle m'avait entendue, elle se met à me frotter vigoureusement, à me donner des coups de langue. Cela ne sert à rien. Les étoiles m'appellent, je les entends pleurer un défunt chaton qui avait tant à vivre.

Est-ce mon destin ... ?

Je n'ai encore rien accompli, je n'ai sauvé personne, je n'ai même pas pu fouler les terres sacrées de mes ancêtres.

Est-ce le destin qui m'appelle là-haut, le jour de ma cinquième lune ?
Et bien si c'est le cas, je peux le changer ce destin, je vous le prouverai !
Je me débats en remuant dans tous les sens, alors que les chaînes de la mort se resserrent sur mes pattes. Elles ont l'air si fragiles, comme des fils de toile d'araignée, sur lesquelles des étoiles se seraient entremêlées tel des moucherons. Et pourtant, elles sont solides, bien trop.

Trop ? Non, c'est impossible ! Je ne peux pas changer le destin si de vulgaires fils me résistent!

Après avoir tiré un coup sec, je tombe à toute vitesse vers mon véritable corps. J'ai cru entendre une voix cristalline, près de mon oreille, me murmurait que si je le désirais, mon heure n'était pas encore venue. Peu importe d'où elle venait, je la remercie de m'avoir sauvée.

— Petit... Astre ! Tu es vivant ! Que le Clan des Étoiles soit loué, merci d'avoir ramené mon fils ! Je vous serai éternellement redevable !

Je me suis remis à gémir, ma patte arrière gauche me fait mal. Ma génitrice me regarde comme si on m'avait ramené à la vie, ce qui était peut être le cas. Son regard triste et lourd de conséquences pèse sur mes épaules. Je ne peux pas lui en vouloir, après avoir affronté une horde de solitaires, elle n'était pas en état pour me sauver d'un prédateur. Quelle idiote ! J'admire son courage, mais elle aurait tout de même pu y aller accompagnée ! Mais, je l'admire quand même. Car c'est ma mère.


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Des bandages de toiles d'araignée, de feuilles et de branches maintiennent ma patte blessée en place. Elle ne me dérange pas, de toute façon, je n'ai pas besoin de bouger, juste de trouver le sommeil, bercé par le souffle chaud de la chatte brune. Enfin, si ces foutues voix se taisent !

— Traître ! Tu ne peux pas aller contre la volonté des étoiles, tu n'avais pas le droit de casser les chaînes de la mort ! Meurs, que ta vie soit souillée, insolent ! Tu croyais pouvoir t'en sortir sans séquelles ? Tu as osé défier le destin, tu as osé abandonner le chemin tracé, et tu en paieras les conséquences !

Elles résonnent comme au loin comme si elles venaient d'un autre monde, ténébreux. Qu'est-ce qu'elles m'agacent !

— FERMEZ-LA ! Leur répondis-je, intérieurement.
Ça y est, elles se sont tues. J'espère que ces saletés ne reviendront pas me hanter demain.


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Une lune plus tard, je serai apprenti guérisseur. Une lune plus tard, les voix ne m'auront toujours pas quitté. Une lune plus tard, je n'aurai toujours aucun regret par rapport à mon acte de rébellion. Enfin, je crois. Une lune plus tard, je serai toujours décidé à me battre.

Une lune plus tard...

Je ne suis pas très social. À vrai dire, je ne sais pas comment me faire des "amis". Oh, j'ai essayé, croyez-moi, mais face à ce manque de succès, j'ai abandonné. Timidité excessive. Résultat, on m'a regardé bizarrement. Ça ne me gêne pas vraiment. Même, j'en ai rien à faire de ce que les autres pensent de moi, à une exception près : je veux que mon mentor soit fier de moi. Si ma mère était encore en vie, j'aurais souhaité la même chose pour elle, seulement, elle a succombé à ses blessures.

— Nous ajouterons même que c'est par ta faute, tu n'en fais qu'à ta tête, tu es stupide.

Oh, encore toi ? Quand vas-tu cesser d'occuper mon esprit pour tenter de me rabaisser ?

— Nous sommes profondément vexées ! Nous faisons partie de toi, Petit Astre, ne l'oublie pas.

Et v'la que ça me traite de chaton ! Je me demande bien qui est le plus stupide de nous deux, la voix.

— Quel arrogant ! Tu as toujours été insolent envers le Clan des Étoiles.
Qu'est-ce que tu racontes ?! J'ai... simplement voulu changer ma destinée...

— Et tu regrettes. Nous sommes nées de tes regrets, Petit Astre. Quelle preuve de faiblesse. Bon à rien, c'est comme ça qu'on devrait te nommer. Et toi, tu te vantes, tu prétends être fort, pour cacher cette honteuse faiblesse.

Je ne fais que dire la vérité ! Oui, je suis intelligent, ma mémoire est exceptionnelle, je sais rapidement assembler deux événements ou deux de mes connaissances ensemble. Oui, je suis beau, mon poil long et soyeux décoré de dégradés blancs à marron, le bout de mes pattes entièrement blancs, mon "masque" marron par-dessus mon museau blanc et ma truffe rose, tu ne peux le nier.

— Et pourtant tu es terriblement seul, pas vrai ? Lâche et insolent, tu as voulu renier le Clan des Étoiles, et par ta faute, ta mère est morte. Tout le monde te fuit, mais Chant du Cygne a eu pitié de toi.

Je n'ai jamais renié le Clan des Étoiles ! Si ce que j'avais fait était mal, je ne serai pas apprenti guérisseur. Et puis tais-toi, stupide voix inutile.

— CRZZ- CRZZ- S-SEUL CRZZ- TUUUUU INSOLENT CONTRE DIIIING VOLONTÉ DU CLAN DES TIC TIC TAC ÉTOILES
FERME LA !
....

— Nuage Astral ? Tu m'écoutes toujours ? Tu veux que je te répète la propriété du mille-feuille ?

— O-oui... Ce serait gentil, merci...