Petite manipulatrice (ft Malé)

Le soleil venait à peine de se lever quand je sortit de l'antre des guerriers. L'air doux annonçait une saison des feuilles nouvelles toute proche. Même  s'il faisait encore très froid le matin, je savait que l'air se réchaufferai en milieu de journée. Je m'approcha du tas de gibier et pris une souris assez grassouillette. J'entendis au loin les pépiements des oiseaux, le bruissement des feuilles au passage d'un petit animal. La forêt se réveillai elle aussi. 

Une fois ma souris fini, je regarda autour de moi. Je n'avait rien de prévu aujourd'hui. Je n'avait pas encore d'apprenti, ce qui me laissai assez de temps libre. Le tas de gibier était assez garni mais peut-être qu'un peu plus de nourriture ne ferait de mal à personne. Sauf que je n'avais aucune envie de chasser seul. Je regarda les guerriers. Chacun avaient l'air déjà bien occupé, entre les patrouilles et les apprentis. J'allais me résigner à partir seul quand j'entendis de petits rires de chatons. Je me retourna vers la pouponnière. Les petits venaient juste de se réveiller et jouait tous ensemble. Ils se sautaient dessus, se donnaient de petit coup de pattes, tout ça sous le regard attentif de leurs mères. Ce spectacle me réchauffa le cœur. Ils étaient si mignon ! Mon regard se posa soudain sur une petite chatte au pelage noir comme le charbon. Petit Désespoir. Elle était un peu éloigné des autres et ne partageait pas leurs jeux.

Cette petite chatte m'avait toujours surprise. Un jour elle était sérieuse et réservée, et l'autre intrépide et amusante. Elle peut passer de la méfiance à la confiance avant que l'on ait put dire "miaou". Elle était extrêmement complexe et je ne la comprenait pas souvent.

Elle était donc à l'écart des autres chatons, un peu dans l'ombre de la pouponnière. Elle n'avait pas l'air triste mais elle n'était pas heureuse, ou du moins le cachait-elle très bien. Je m'approcha d'elle. Disparu, l'idée d'aller chasser ! Je voulait juste savoir la raison pour laquelle elle ne jouait pas avec les autres. Pour moi qui avait passer mon enfance seul avec ma mère, le fait de n'avoir jamais jouer avec d'autres chatons était ce qui m'attristait le plus. Même si les mois passé avec ma mère resteront dans mes plus beaux souvenirs. 

Je secoua la tête. Il ne fallait plus que je pense à ça. Ma mère était morte depuis assez longtemps maintenant. Mon attention se rapporta à Petit Désespoir. Elle venait de me voir approcher. Mon regard fut attiré par ses yeux. On aurait dit de l'or. De l'or avec d'étrange reflet rougeâtre, telle de petites flammèches. Elle était vraiment très belle. Pourquoi ses parents l'avait-il appelé Petit Désespoir ? Certes, elle était un peu étrange, mais de là à penser qu'elle serait le Désespoir, il y avait un pas à faire. Un très grand pas. Mais bon, c'était le choix de ses parents. 

Elle s'était levée en me voyant arriver. Je m'approcha un peu plus d'elle. Vraiment, Désespoir n'était pas un nom qui lui convenait. Je lui demanda :
"Dit-moi, Petit Désespoir, pourquoi ne vas tu pas t'amuser avec les autres chatons ?"
Comme entrée en matière, j'avais déjà fait mieux mais bon, ce n'était pas comme si je parlais souvent à des chatons.

"En quoi cela te concerne t-il ?"
La réponse claqua comme un coup de fouet. Je reculai d'un pas, surprise. Dans le regard de Petit Désespoir, on ne voyait pas une once de gentillesse. Il n'y avait que de la suffisance et une sorte de dégoût. Ce n'était pas vraiment le regard que je lui imaginais. Et dans les yeux d'une chatonne, ça faisait même un peu peur ! Et moi qui croyait que les chatons étaient intimidés par leurs aînés ! pensais-je avec ironie, On dirai que cette règle ne touche pas cette chatte ! 

Je ne savais pas à quoi elle pensait en me disant ça, mais si c'était pour me faire partir, c'était rater. Sa réaction, au lieu de me décourager, avait encore plus piquer ma curiosité. Tout les chatons ne réagissaient pas comme ça. C'était même plutôt rare de voir un petit tenir tête à un adulte. Même moi, qui n'était pourtant pas bien imposante, leur faisait un peu peur. C'était pour toute ses raisons qu'au lieu d'abandonner et de repartir, je restai lui parler. 

Je décidai d'être franche dans ma réponse. Après tout, elle l'avait été aussi. Et puis, après m'avoir répondu ainsi, je ne la considérai pas vraiment comme une chatonne de quatre lunes. Elle était déjà très mature. Je ne put m'empêcher de penser que plus tard, avec un tel aplomb, elle serait sûrement une très bonne guerrière. Peut-être même une chef ! Mais si elle visait cette place, il faudrait qu'elle soit un peu plus respectueuse, pensais-je en souriant. Mais je me voyait mal essayé de lui apprendre le respect. Je n'était pas assez intimidante, et c'est moi qui risquai d'être à ses ordres. En tout cas, je plaignais son futur mentor. Il n'allais pas avoir la vie facile, et j’espérais qu'il ne serait pas du genre à se faire marcher sur les pattes.  

"En fait, cela ne me concerne en rien. Mais, je vais être franche avec toi, tu m'intrigue. Je sais que tu est une chatonne, et pourtant, tu est beaucoup plus intelligente que les autres chatons, et aussi très mature pour ton âge. Et je ne veux pas te faire de mal, au cas où tu te ferai des idées."

Non, vraiment, je n'avais pas l'impression de parler avec une chatte de quatre lunes. Vraiment pas. Je m'assis, pour bien lui signifier que je n'allais pas partir. Et puis aussi parce que j'avais tout mon temps et que rester debout était fatiguant à la longue. Mais ça, elle n'avait pas besoin de le savoir.