Pas intéressant aux yeux de sa génitrice, apparemment ... (Feat Griffe d'Argent, Mommy)

Une patte te retient fermement pas la queue, t'arrachant un grognement sourd. Tu te tortilles pour te dégager mais tu n'y parviens pas tant le poids sur ta queue est pesant. Tu gémis bassement, et te tasses sur toi-même, comme en position de chasseur. Tu n'écoutes que d'une oreille basse les paroles de ta génitrice, qui te répète mollement pour la énième fois :

"Tu n' en n' a pas marre de réveiller ta pauvre mère toute les nuit ?"

Et bien apparemment non, vu que tu fais tout le temps la même bêtise. Tu ne dirais peut-être pas que tu aimes ça, juste un peu, cela permet de te faire remarquer. Tu lances une pique à ta mère, les yeux pleins d'éclairs colériques :

"Apparemment nan, maman, sinon j'arrêterai bien sûr. Tu sais très bien que je le fais pas exprès et tu prends ça comme si j'étais le coupable."

Tu fronces un sourcil, avant de l'arquer. Tu renifles d'une once de mépris, et plonge ton regard dans celui de ta mère. Qu'est ce que tu lui en voulais ... Tu détournes les yeux avant de les faire visionner tes pattes duveteuses. Tu te retournes vers ta mère et crache insolemment :

"T'façon je le sais depuis le départ que tu m'aimes pas."

Ton ton dur et froid t'impressionne toi même, et tu as un mouvement de recul devant tes paroles. L'horrible vérité, et pourtant c'est bien réel. La réalité est dure à dire. Tu déglutis et avales difficilement ta salive, plein d'émotions te submergent, un grand mélange de peine, de douleur, de colère ...  Tu caches ton visage pour cacher tes larmes, n'arrivant pas à demeurer impassible en voyant celle qui t'a mis au monde. Comment une telle reine pouvait exister ? Pour te rendre malheureux ? C'est ça que le Clan des Étoiles aime faire ? Faire souffrir les innocents, donner le plaisir aux machiavéliques d'être heureux ? Tout cela est minable, pitoyable, cruel, ... Tu ne pourrais pas nous donner le nom précis qui qualifierait ces êtres, juste des mots approximatifs. Tu trembles de tout tes membres, tapis au sol, lorsque tu te déçide à te relever, puis que tu accomplit cet acte, chancelant. Tes griffes sont plantées dans le sol dur et froid de cette nuit, tes coussinets de cuir roses sont tous craquelés de marteler la terre chaque minute de ta journée, ton souffle émets des petits nuages blancs dans l'air glacial et sombre et ta queue fouette l'air violemment. L'atmosphère est tendue, tu sembles sur le point de craquer ...

Ton poil se hérisse sur ton dos, te faisant devenir un minuscule hérisson mécontent. Ta posture t'arrache presque un ronronnement tellement elle est adorable et confortable. Pas l'effet que tu veux donner du tout, toi, tu veux avoir l'air d'un dur, d'un caïd. Tu tends l'oreille à l'entente des mots de ta mère qui s'écoulent lentement en toi, comme au ralenti pour faire encore plus mal. 

"Tu n'es qu' une boule de poils insolente. Je ne veux plus que tu dormes à côté de moi. Aucun chat ne peut te supporter Petit Torrent."

Douleur. Pourquoi tant de dureté et de mesquinerie dans ses paroles ? Tu fermes les yeux, et les appuie jusqu'à t'en faire mal, tu exerces une forte pression qui te monte à la tête, te déclenchant une horrible migraine. Aucun chat ne peut te supporter ... C'est ... Cruel. Une larme au coin de ton oeil éclate et coule lentement, avant de tomber sur le sol de la pouponnière, éclaboussant les pelages autour de toi. Tu ne relèves pas la tête, tu n'oses affronter le regard de ta mère, alors, même si tu ne le souhaites pas intérieurement et que ton instinct te crie de ne pas écouter ces paroles, tu te les répétes, telles un écho, telles que tu les a entendues : 

"Ton père est mort mais il ne t'aurait jamais supporter. Tu n' est pas plus gros qu' une souris mets toi ça dans la tête tu n' intéresses personne."

Ton père est mort. Ton père est mort. Ton père est mort. Les larmes menacent de couler un instant, puis lorsque tu commences à trembler, secoué de soubresauts, elles parcourent ton visage, et tombent. Tu ouvres les yeux, et, la vue floutée de sanglots, tu observes ta mère. Le visage inondé de larmes, tu gémis :

"Pou ... Pourquoi tu me l'as pas dit plus tôt ? Je veux savoir comment i-il est ..."

Le dernier mot reste coincé dans ta gueule, lorsque ta voix se casse, brisée.  Tu ne connais même pas ton père, c'est vrai ça, tu ne l'as pas vu une seule fois. Sanglotant bruyamment, tu laisses libre court à ta douleur à travers tes larmes. La souffrance de savoir la vérité, la réalité ...

À ta question, ta mère a un mouvement de recul, et tu fais de même, effrayé. Empli de larmes, tu la regardes à travers celles-ci, ta petite queue fouettant l'air nerveusement. Tu renifles, et observes Griffe d'Argent s'approcher de toi et te prendre doucement par la peau du cou. Entre ses crocs, tu gigotes, mais te ressaisis quand tu comprends qu'elle ramène à l'extérieur de la pouponnière. Elle te dépose calmement, et tous deux, vous vous asseiez. Ta génitrice lève les yeux au ciel et fixe la Toison Argentée, les yeux pleins de rêves, rivés sur les étoiles. Elle commence à miauler lentement :

" Ton père a été bon et courageux jusqu'aux bout. Quelques jours avant ton arrivé, le clan s' est fait attaquer. Ton papa m' a protégé car je ne pouvais pas me défendre seule. Et il est mort comme ça devant mes yeux. Si à ce moment j'avais pu me battre, j'aurais pu l'aider. Il et mort car je ne pouvais pas me battre. Il est mort par ta faute. "

Tu sanglotes bruyamment et jettes un regard à la dérive à ta mère. C'est donc pour ça qu'elle ne t'aime pas ... C'est ta faute. Ta faute à toi, et à toi seul. Tu t'enfonces ça dans ton crâne douloureusement. Sans toi, ton père aurait survécu. Malheureux chaton ! Tueur ! Assassin ... Les larmes te montent aux yeux, encore et encore, tu crains qu'elles ne cessent jamais de couler. Tout tremblant, tu hoquètes faiblement :

"Je ... Ma faute à moi ... Je comprends que tu m'aimes pas alors ... Mais ça me rend triste ... Pourquoi tu me fais ça au lieu d'honorer la mémoire de papa ?"

Tu éclates de nouveau en sanglots mouillés et atteints d'une forte salinité. Le vent froid et torride te frappe de plein fouet, plus violent que jamais. Tu regardes à ton tour au ciel, scrutant les étoiles brillantes de milles feux. Elles sont si belles ... Peut-être ton père y est-il. Tu penses à lui, tu l'aimes même si il a trépassé. Qu'est ce que tu ne donnerais pas pour pouvoir rencontrer ton père ? Rien, tu ferais tout pour ça, malheureusement, il est mort. Il faut que tu vois la vérité en face. Que tu arrêtes de te lamenter. Tu dois être fort surtout. Tu prends une grande inspiration, et tes larmes cessent aussitôt de couler. Papa, tu pourras être fier de ton fils. Tu relèves fièrement le menton et toise ta mère, d'un air de défi et de confiance.