La nuit, un terrain de jeu [PV Nébuleuse Symphonie]

Un courant d’air froid s’était frayé un chemin dans la tanière paisible, où résonnait une symphonie de respirations profondes. Les pelages ainsi mêlés, sans être en contact proche, formaient une mosaïque qui variait du blanc crémeux au noir obsidienne.
Près de l’entrée, une fourrure cendrée s’agita, projetant d’infimes particules de poussière autour d’elle. Deux oreilles se dressèrent aussitôt, et ses poils se hérissèrent pour résister à la brusque baisse de température.

Nébuleuse Symphonie pesta tout bas, et entama une toilette consciencieuse, veillant à réchauffer sa pelisse qui, comme toutes les nuits, avait trouvé le moyen de s'emmêler dans des nœuds impossibles. Ses vibrisses captèrent à nouveau le revers glacial du vent d'hiver, qui cherchait, par tous les moyens, à atteindre sa peau. Gonflant sa fourrure ainsi remise en ordre, la lieutenante passa le seuil de la tanière pour découvrir le paysage plongé dans les ombres ; par un effet d'optique curieux, la neige s'amusait avec les contrastes, se dévoilant étincelante et se dissimulant par endroits. Elle avait laissé l'obscurité étendre ses bras, sur certaines parcelles, se teintant ainsi d'une nuance grisâtre sous l'ombre des branches d'arbres.

La femelle remua les oreilles, agacée d'être réveillée si tôt. Cela lui arrivait souvent en ce moment - depuis qu'elle n'était plus qu'une simple guerrière. Elle avait compris que le sommeil l'avait laissée en plan, et qu'elle aurait beau lutter contre les courants d'air, ses rêves ne reviendraient pas la chercher. De même, à présent qu'elle s'était risquée dehors, elle sentait nettement mieux les couloirs glaciaux qui soufflaient dans l'atmosphère. Elle décida, pour se remettre d'aplomb, d'arpenter le territoire. Elle n'avait jamais effectué de promenades nocturnes ; c'est pourquoi elle informa le félin qui gardait l'entrée de sa courte excursion, qui ne l'embêta pas avec mille et une questions.

L'hiver avait cette particularité de rendre plus brillant que jamais le firmament, cortège fidèle autour d'une lune presque pleine et radieuse. Les étoiles étaient comme de fines particules de neige dispersées dans un ciel d'encre lisse et immaculé. Nébuleuse Symphonie sourit à cette image, et poursuit son chemin, se servant de ses vibrisses pour la guider, ainsi que de son odorat.

C'est alors que son museau frémit ; elle avait perçu un relent étranger. Tournant sur elle-même, elle inspecta les frondes, mais l'obscurité avait cette qualité détestable de cacher à la perfection ceux qui s'y confondaient. La lieutenante décida de suivre la trace laissée par l'odeur clanique, avant de percevoir, enfin, du mouvement. Elle fit volte-face, et dut plisser les yeux pour distinguer une forme aussi noire que les ombres.

« Qui va là ? » s'exclama-t-elle sur un ton ferme.