Quand je te vois tu me rappelles combien je l'ai aimer… [FT. GRANDE SOEUR MOUSSY :3 ]

Lové au soleil, tu attends. Tu ne sais pas trop ce que tu attends. Qu'elle revienne sûrement. Que la vie te rende ce qu'elle t'avait pris. Qu'elle te rende le plus beau de tout les trésors.
Tu sens encore la chaleur contre ta peau. Tu es apprentis depuis maintenant plusieurs lunes. Douce Huile est une femelle à la fourrure emmêlée, d'un blanc harmonieux devenu délavé, presque crème. Tu pouvais presque deviner son ancienne couleur, d'un blanc cristallin, ses yeux verts persans, aussi profond que la zone hadale du plus profond des océans, baignant dans une couleur de menthe. Dans ton regard si jeune mais si fatigué, tu vois cet éclat enflammé maintenant éteint, mais le volcan n'est qu'endormi.

Ca y est. Son souvenir est là. Si proche que tu pourrais le toucher. Dans ton inconscience, tu tends tes pattes en avant, ton museau est dressé vers la lumière si chaleureuse, la lumière de toute ta vie, la lumière que tu ne pensais jamais perdre, cette lumière qui t'a donner la vie. Mikinyana est là. Elle te regarde de ses yeux doux. Tu sens sa langue râpeuse nettoyer tes oreilles.
Malgré toi, tu ronronnes, le contact avec ta mère te manque, tu en profites dés que tu peux. Mais le reflet s'estompe, jusqu'à disparaître. C'est un nouveau monde qui s'ouvre à toi. Maintenant qu'elle n'est plus là, tout n'est que ténèbres, que cauchemars. Tu es seul. Désespérément seul.

Tu ouvres les yeux. Ton regard ambré brûle de cette lueur ambrée si singulière, cette lueur qui s'embrase souvent dans tes yeux. Le brasier de la rage. Celui de la colère, de l'envie de vengeance, celui de la folie.
Tu remarques l'agitation, tes pattes t'emmènent voir ce qu'il se passe. Deux guerriers sont morts. Tu ne connaissais même pas leurs noms. Ton regard s'assombrit plus encore. Ta queue fouette l'air avec colère. Tu t'avances encore de quelques pas. Ton mentor pleur la mort de son frère. Le sang du guerrier se mélange à sa fourrure en bataille, on dirait qu'elle aussi c'est battue.

Cela fait des jours et des jours. Tu as dix sept lunes. Et tu es toujours apprentis. Mais ce n'est pas l'important. En voyant la guerrière pleurer toutes les larmes de son corps, certains reculent, la laissent à son deuil. Mais toi, ce jours là, tu t'es avancé. Ton cœur c'est serré dans ta poitrine lorsque tu t'es rendu compte de la déchéance de Douce Huile. Tu ne sais pas pourquoi, mais la voir aussi mal te fait presque aussi mal que de perdre une nouvelle fois Mikinyana. Mais Douce Huile n'es pas Mikinyana.
Tu t'avances lentement. Sans un bruit. Les chatons te fixent, avec leurs grands yeux. Ils te fixent comme s'ils te disaient "Sauve notre maman!" Et tu leur réponds mentalement. D'un simple regard. Je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour sauver Douce Huile. Elle est mon mentor. Et les petits vous savez, personne ne mérite de perdre sa mère.

Tel un cadavre, la femelle ne te répond même pas. Elle ne frémit même pas en entendant tes pas se rapprocher d'elle. Tu poses ta queue sur son épaule. Ta truffe effleure son oreille lorsque tu murmures ses mots :
« - Douce Huile. Je sais que tu as mal. Je sais à quel point tu souffres. Mais se refermer sur toi même n'arrangera rien. Tu dois te battre. Regarde tes petits dans les yeux et dis moi que tu veux qu'ils subissent ta mort. Regarde moi dans les yeux et dis moi que tu n'as pas envie de te battre. Douce Huile. Tu ne le feras pas. Tu sais pourquoi ? Parce que tu es forte. Tu es mon mentor, je le sais. Tu es forte, tu es Douce Huile, tu es unique, et irremplaçable. Alors tu vas nous revenir jeune guerrière. Et tout de suite. Fois du fils de Mikinyana.»
Tout ton corps tremble, et tu as horreur de ça. Les yeux verts émeraude de Douce Huile plongent dans les tiens, elle semble plongée dans ses souvenirs. Tu cherches dans ce regard désorienté des réponses. Tu y plonges, tu pourrais t'y noyer.

Le bout de ta queue frémit, un des chatons joue avec, mais tu ne bronches pas. Tu cherches dans ses cristaux verts les mystères de l'être gracieux qui se tient en face de toi. Tu trouves une réponse. Tu vois cette guerrière si jeune, et si forte. Cette gracieuse mère de famille, ce radieux pelage blanc comme un nuage, comme le plus beau des nuages. Ses yeux. Ils brûlent. Pas de colère, de désarrois, de désespoir. Non, ils brûle de tendresse, de douceur, de... Détermination. Tu peux y lire toute sa malice, son énergie. Tu y vois son passé, son avenir, tu te noies, mais ça te plais. Tu te perd dans l'immensité sans fin, sans limite, sans interruption.

"Douce Huile". Ce nom vient de s'inscrire à tout jamais dans ta mémoire, plus tu l'entend, plus tu sens son parfum envoutant, plus tu regardes ce regard hypnotisant, plus il te fait tourner la tête. Plus elle te fixe, cherche en toi les réponses que tu cherches en elle, plus tu te perds, plus tu te noies, plus tu te sens déchiré.
Tu ne sais pas pourquoi. Tu te sens déchiré. Un vieux souvenir te fait mal au cœur, comme s'il était broyé. Pas un de tes souvenirs. Un de ses souvenirs à elle.