B'soin d'un coup d'patte? (Esprit du Vent)

Le redoux arrivait, amenant avec lui les petites proies. Touts les guerrier parent alors pour la chasse, heureux d'avoir quelque chose à avoir un truc à ce mettre sous le croc. Je poussai du museau Pelage Apocalyptique pour qu'il y aille. Aujourd’hui je ne voulais pas chasser. Avant d'un pas léger vers l'antre de la Guérisseuse, je me remémorer mes première lunes d’apprentissage. Je savait que Nuage de Brouillard était tombé malade, la nuit dernière et je venait donner un coup de patte à Esprit du Vent. La femelle avait était mon mentor avant que je je devienne Guerrière, en ayant ensuite pour mentor un vétéran à présent mort: Grenouille Agile. Mais j'avais garder un lien plutôt amical avec Esprit du Vent. Je rentrait donc dans son antre, mes yeux glacial parcourant l'endroit.
-Esprit du Vent? miaulai-je. Je suis venue te donner un coup d'patte.
Je sentais son odeur au fond, et j'ignorai si je pouvais la rejoindre.

|| Pardon pour ce retard horrible ||

Esprit du Vent ne se sentait pas bien. Ce n’était pas le type de journée où elle était déconnectée de la réalité, ce n’était pas le type de journée où elle ne vivait pas, où elle n’était pas présente. Non, ce type de journée la rendait mal, bien entendu, mais elle ne pouvait rien faire sinon ne pas se sentir elle-même, avoir l’impression d’être totalement et complètement automatisée, qu’on lui volait son corps et sa voix et ses gestes. Mais ce n’était pas le cas, pas aujourd’hui. Aujourd’hui, le temps était entièrement gris dans l’esprit de la guérisseuse qui s’était enfermée dans son gîte depuis que les étoiles étaient apparues dans le ciel, mais peu avant les premières lueurs de l’aube, Esprit du Vent s’extirpa de son nid sans même tenter de ne pas réveiller sa novice qui avait un léger rhume et un tout petit peu de fièvre. Cette dernière sera rapide à remettre sur pied, mais en attendant, c’était certain qu’elle avait besoin de repos, sauf que la guérisseuse n’en avait rien à faire présentement.

Elle avait l’impression qu’on lui avait arraché le coeur et qu’elle n’avait plus rien pour vivre. Parfois, ça lui tombait comme ça, sur elle, sans raison apparente, ça venait juste la prendre alors qu’elle faisait ses rituels du quotidien. Ça l’étouffait et ça ne lui donnait pas d’autre choix que d’avoir conscience que c’était sa voix, son corps, bien que parfois, même encore sa voix semblait ne pas lui appartenir et qu’elle avait toujours beaucoup de difficulté à s’y faire, à cette voix qu’elle entendait comme si c’était celle d’une autre. À quelques reprises, la féline de neige ne réalisait pas qu’elle avait parlé et elle avait l’impression qu’on lui avait parlé tant sa voix semblait ne pas lui appartenir et qu’elle résonnait comme la voix d’une inconnue dans les airs, aux oreilles d’Esprit du Vent. Malgré le nombre de lunes d’existence, la femelle ne s’y était toujours pas fait, et elle doutait pouvoir un jour s’y habituer. C’était une situation beaucoup trop étrange pour qu’on s’y fasse un jour.

Maintenant, les premières lueurs de l’aube venaient se dessiner dans le ciel et Esprit du Vent eut le besoin de chasser quelques larmes dans son regard de glace alors qu’elle s’était allongée à l’entrée de son gîte et qu’elle observait le camp qui ne s’était pas vraiment réveillée. Seuls quelques guerriers et le lieutenant étaient maintenant debouts. Elle frémit quand elle aperçut cette fourrure si particulière et qui pourtant se confondait dans celles de tous les autres guerriers. Elle, elle pourrait la reconnaître partout même si ce guerrier n’avait rien qui ne le distinguait vraiment des autres, si ce n’était l’essence qu’il dégageait et ce que la guérisseuse continuait de ressentir à sa vue, ces émotions qui tombaient dans son coeur et le cognaient, le déchiraient, le lacéraient. Elle avait ce sentiment de ne pas pouvoir respirer alors qu’il s’approchait du lieutenant. Lointains Esprits avait toujours son novice, mais celui-ci était en passe de devenir guerrier et la guérisseuse savait très bien que c’était ce dont son amour de toujours, et pourtant ancien amour, voulait s’entretenir avec le lieutenant, pour que celui-ci en parle au chef. Ensuite, il demanderait à rejoindre la patrouille frontalière de l’aube. Il le fit et il partit et la guérisseuse ne le lâcha pas du regard.

Parce que malgré le rejet et la douleur, elle l’aimait toujours.
Parce que malgré qu’il ne l’aimait plus, elle l’aimait toujours.
Parce que malgré les interdits, elle persistait à l’aimer.
Parce que malgré tous les parce que qui ont passé, l’amour est inchangé.

Elle s’étira longuement avant de sortir du camp à son tour, comme si elle venait à le suivre, mais elle ne le ferait pas. Parce qu’elle n’aurait pas la force de faire face à ce regard qui la jugerait, qui la détruirait par une froideur incompréhensible. Esprit du Vent n’avait jamais pu comprendre ce qu’elle avait fait ou ce qui s’était passé dans l’âme du guerrier pour qu’il vienne à la rejeter si violemment, si brusquement, et effacer tous les sentiments qu’ils avaient pu ressentir. Il était maintenant un inconnu avec des souvenirs en commun, mais la guérisseuse aurait tant aimé que les choses soient autrement et que leur relation soit inchangé. Malheureusement, elle n’avait pas de contrôle sur le temps qui passait et venait tout dégrader. Elle aurait tant aimé, mais ce n’était pas le cas. Bien qu’elle aurait aussi souhaité pouvoir comprendre le pourquoi de ce changement de comportement à son égard. Au final, elle n’avait pas beaucoup de choix à faire et en cet instant, elle choisit de partir à la recherche de plantes puisqu’elle n’avait pas d’autre geste à poser. Elle ne voulait plus penser à ce guerrier qui lui avait donner une terrible envie de se battre et changer les règles.

Elle finit par rentrer au camp avec un tout petit filament d’herbe à chat, un peu d’écorce de chêne ainsi que des graines de pavot. Les graines pourraient être utiles pour permettre à Nuage du Brouillard un meilleur sommeil. Esprit du Vent nota dans un coin de sa tête de lui faire penser lorsqu’elle la croiserait parce que la novice était sortie de la tanière pour aller quelque part, peu importe où. Ça n’intéressait pas la guérisseuse, les gestes de son apprentie. Pas du tout. Elle s’enfonça dans le fin fond de sa tanière et se mit à trier les herbes pour voir lesquelles étaient sèches et celles qui ne pouvaient plus servir, et les séparer de celles qui étaient encore parfaitement bonnes et conservaient tous leurs effets. Mais pendant qu’elle le fit, l’image de Lointains Esprits - ils avaient le même mot dans leur nom maintenant - revint dans sa tête et elle se mit à pleurer silencieusement. Elle sursauta quand elle entendit une voix qui émanait de l’entrée de son gîte et elle prit sa patte pour essuyer son pelage avant de se retourner. Elle avait reconnu la voix de son ancienne apprentie, sa toute première, celle qui avait changé de voie et était maintenant guerrière, mais avec qui elle avait gardé une bonne relation - même si l’égoïsme d’Esprit du Vent restait.

« Tu peux me rejoindre Coeur de Glace ! »