Du sang sur la Lande [Event 1-3]

par **Bakeneko** Jeu 20 Avr 2017 - 20:32

HRP:

Même dans la nature, la mort reste un désordre abominable.

Petit Torrent était sorti pour aller chercher les disparues, se prenant pour un héros. Il savait qu'il n'avait pas le droit, mais il avait tellement envie d'impressionner les membres du Clan et montrer qu'il était un grand et fier chaton ! Bravant le danger, affrontant les hautes herbes et les obstacles, il s'éloignait de plus en plus du Camp, s'égarant dans la lande, ignorant innocemment le danger qui grandissait tandis qu'il se trouvait sans protection face à n'importe quel prédateur.

Il ne s'attendait pas à effectivement retrouver les disparues comme prévu, peu après le crépuscule.

Il avait fui dès qu'il les avait vues. Pris de terreur. Les images encore en tête, le sang sur ses petites pattes, son esprit avait imprimé à jamais la vision qu'il venait d'avoir. Il avait compris dès qu'il les avait vues. Il était revenu à l'Abri d'Ajoncs discrètement, le regard vide, et s'était roulé en boule dans un coin pour essayer de dormir et oublier. Quelqu'un d'autre les trouverait. Mais ce ne serait pas lui. Il n'avait pas le droit de sortir, de toute façon.

« Petit Torrent, qu'est-ce qui t'a fait aussi peur ? » demanda alors Petit Olivier, qui le regardait faire son manège en silence. Il veillait encore à l'entrée de l'Abri. « Petit Olivier a vu que tu étais parti. Tu ne peux pas mentir. » Il avait hésité. Longuement. Puis il avait murmuré qu'il avait retrouvé les disparues. Pas très loin. Et indiqué une direction approximative. Avant de supplier son ami chaton de ne rien dire. Petit Olivier avait juste hoché la tête en silence, était parti chercher Chant du Cygne, et avait annoncé lui montrer la direction. Il lui avait demandé de l'accompagner seule. Elle avait accepté.

Ils les avaient retrouvées, comme prévu.

Elles étaient là, étendues sur le sol. Mortes l'une comme l'autre.

Petit Olivier avait planté mentalement en voyant le cadavre de sa Maman. Elle était là, sur le sol, froide. En s'approchant pour la regarder, insensible et impassible, il avait posé une patte sur elle. Morte depuis la veille. Coup fatal à la tête. Sans doute tuée dans l'attaque des monstres. Les Bipèdes n'avaient dû prendre qu'un cadavre. Elle était partie. Sans même leur dire adieu, je t'aime, un message ou un autre.

Elle n'était plus qu'une autre morte.

« Maman... »

Il se frotta contre elle affectueusement, une dernière fois, sans y retrouver ce qu'il aimait. Ce n'était plus qu'un corps immobile, raide et froid. Tristement, rien d'intérêt. Il s'était tourné vers Envol de la Colombe. L'un comme l'autre firent la même constatation, mais ce fut Petit Olivier qui l'exprima en premier. « Quelqu'un l'a égorgée récemment. Son corps est encore chaud, le sang est fluide. Elle était encore en vie... Probablement au moment du crépuscule, je dirais. Et à juger par l'état de la terre autour d'elle, elle était là depuis le milieu d'après-midi. »

La dernière analyse ajouta une chose assez inquiétante pour Petit Olivier. Il se pencha et examina la plaie, insensible à l'atrocité de la scène. Ce n'était qu'un élément comme un autre pour lui. « C'est un chat qui lui a ouvert la gorge. On voit encore le manque de propreté du cisaillement et les légères irrégularités typiques d'un coup de griffes. Puisque des guerriers ennemis ne vont pas si loin dans le territoire, Petit Olivier pense... » Il marmonna, un peu plus pour lui-même, singulièrement agacé par la situation : « … Que c'est quelqu'un du Clan qui l'a tuée. »

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